Jeudi 05 Juin 2025
D'après le 10ème rapport annuel de Rockwell Automation sur l'état de la fabrication intelligente, la France se distingue en Europe par une adoption pointue de l'IA dans des secteurs importants tels que la cybersécurité et la conception industrielle. Cette étude, qui s'appuie sur les réponses de plus de 1 500 grandes entreprises du secteur manufacturier à travers le monde, met néanmoins en lumière un décalage notable entre le niveau d'adoption et les résultats économiques escomptés.
Selon ce rapport, 94 % des entreprises industrielles françaises investissent actuellement ou prévoient d'investir dans l'IA et l'IA générative. Cependant, seulement 2 % d'entre elles considèrent que l'IA a engendré le meilleur ROI (retour sur investissement) en 2024, ce qui représente la proportion la plus faible parmi les pays analysés. En ce qui concerne la GenAI, ce pourcentage s'élève à 8 %, mais reste inférieur au niveau européen (13 %).

Pour Gilles Pacaud, directeur général de Rockwell Automation France, il est désormais temps de passer de la simple expérimentation à une intégration efficace afin de garantir des résultats concrets et constants.
L'IA au service de la cybersécurité et de la conception
Malgré cette rentabilité limitée, la France se positionne en tête concernant les usages stratégiques de l'IA : 56 % des industriels l'utilisent pour renforcer leur cybersécurité, contre une moyenne de 45 % dans l'UE. De même, 36 % l'emploient pour la conception de nouveaux produits, une proportion supérieure à celle constatée dans les autres nations européennes (31 %). Cette dynamique s'accompagne d'une revalorisation des compétences : 80 % des entreprises françaises estiment désormais que l'expertise en IA/ML est un atout déterminant pour attirer les talents, contre 67 % en 2024.
Cependant, la mise en œuvre opérationnelle a du mal à suivre. Bien que la cybersécurité constitue un axe d'investissement prioritaire pour 93 % des personnes interrogées, seuls 9 % estiment avoir obtenu un ROI tangible à ce jour. Le taux d'adoption active de mesures de protection reste par ailleurs le plus bas d'Europe, à seulement 24 %.
Une stratégie RH en mutation, une ambition ESG à renforcer
En matière de ressources humaines, les entreprises françaises adoptent une stratégie à deux volets. Si 33 % recrutent de nouveaux profils spécialisés en technologie, 27 % investissent dans l'amélioration des compétences, un niveau inférieur à la moyenne européenne. Mais 40 % des industriels privilégient une approche combinée, associant les deux leviers, ce qui représente le taux le plus élevé observé en Europe.
Enfin, le rapport met en évidence une dynamique ESG en retrait. En France, seulement 35 % des entreprises industrielles évoluent dans un cadre ESG structuré, et à peine 17 % envisagent d'utiliser ces critères pour améliorer leur performance à moyen terme. Pour autant, les motivations se précisent : 52 % citent l'efficacité opérationnelle comme un facteur d'accélération, tandis que 42 % mettent en avant des considérations éthiques, une proportion unique en Europe.