Samedi 20 Septembre 2025
Le nombre de sous-marins indétectables dans le monde est estimé à plus de 100, en tenant compte des SNLE (Sous-marins nucléaires lanceurs d’engins) et des SNA (sous-marins d’attaque) dotés d'une faible empreinte sonore. Toutefois, leur avantage stratégique pourrait être compromis : des chercheurs chinois ont développé un système de lutte anti-sous-marine (ASM) géré par l’IA, capable de repérer et de suivre ces sous-marins avec un pourcentage de réussite estimé à 95 %, même lorsque ceux-ci emploient des techniques d'évitement perfectionnées.
Cette étude, rapportée par le South China Morning Post et par Korben, a été menée par l’ingénieur principal Meng Hao et son équipe du China Helicopter Research and Development Institute.
Le système présenté est conçu comme un "commandant océanique intelligent". Il agrège des données provenant de diverses sources : bouées sonar déployées par hélicoptères, détecteurs sous-marins, systèmes radar et informations océanographiques comme la température et la salinité de l’eau. Cette fusion des signaux permet au système de créer une image complète du domaine sous-marin et d’identifier des signatures furtives qui ne sont pas détectées par les méthodes classiques de détection reposant sur un unique capteur.
Les opérateurs humains interagissent avec l'ASM via une interface en langage naturel basée sur un LLM. Cette couche d’interprétation permet une prise de décision rapide, tout en maintenant l’humain dans la boucle. Une nécessité dans un domaine où chaque erreur peut avoir des conséquences stratégiques majeures...
D'après le South China Morning Post, les simulations indiquent qu’un tel système pourrait réduire à environ 5 % la probabilité qu’un sous-marin détecté puisse s’échapper, ce qui équivaudrait à un taux de suivi et d’interception avoisinant les 95 %. Une performance qui, si elle se confirmait dans des conditions réelles, constituerait un tournant décisif pour la dissuasion navale.
Cette recherche s’inscrit dans une démarche plus globale de la Chine. Plus tôt en 2025, d’autres travaux publiés dans la revue Command Control & Simulation révélaient l'existence de torpilles guidées par IA, capables de distinguer les sous-marins des leurres avec une précision de plus de 92 %. Ces torpilles se déplacent à des vitesses très élevées sous l’eau grâce à la supercavitation, une bulle de gaz qui diminue la friction hydrodynamique. Leur rapidité et la précision de leur guidage rendent également les contre-mesures classiques beaucoup moins efficaces.
La discrétion, jusqu’à présent pilier de la dissuasion, pourrait ainsi voir son avantage stratégique considérablement réduit. Face à cette menace, les marines devront mettre au point de nouvelles contre-mesures, concevoir des capteurs plus performants et imaginer des sous-marins présentant des signatures acoustiques et thermiques encore plus faibles.
De son côté, la marine nationale française possède son propre programme d'intelligence artificielle au service des oreilles d'or, annoncé par le CIRA (Centre d’interprétation et de reconnaissance acoustique) en mai 2024.
La démocratisation des drones sous-marins et de l'intelligence artificielle embarquée pourrait amener à une refonte profonde de la guerre en milieu sous-marin et, par conséquent, du programme de dissuasion nucléaire français.
