Mardi 02 Septembre 2025
Suite au blocage des exportations vers la Chine des processeurs graphiques H20 et MI308 en avril dernier, une annonce de Donald Trump a révélé la semaine passée que Nvidia et AMD ont consenti à céder à l'administration américaine 15 % des bénéfices tirés de leurs ventes, en échange de l'obtention des autorisations nécessaires. Cet arrangement inédit de partage de revenus est interprété par certains spécialistes comme un impôt dissimulé, dont les implications légales demeurent incertaines, et qui pourrait entraîner des conséquences importantes pour d'autres secteurs de la technologie.
Après la mise en place de restrictions par l'administration Biden en 2023, visant à freiner les progrès de la Chine dans le domaine de l'intelligence artificielle, les H20 de Nvidia et les MI308 étaient les composants américains les plus performants pouvant être exportés légalement vers ce pays. Ces deux types de puces affichent des capacités limitées par rapport aux H200 et Blackwell B200 de Nvidia ou aux AMD Instinct Série MI350 et sont principalement utilisées pour l'inférence de modèles d'IA, autrement dit l'exécution de modèles ayant déjà été entraînés.
Le marché chinois représente un enjeu stratégique pour les deux sociétés. D'après le New York Times, cet accord pourrait générer plus de 2 milliards de dollars pour le gouvernement américain d'ici la fin de l'année. Néanmoins, de nombreux experts ne le considèrent pas comme un engagement volontaire, mais plutôt comme une taxe à l'exportation, une pratique formellement proscrite par la Constitution américaine (article 1, section 8). Si certains s'alarment pour la sécurité nationale, d'autres craignent une dérive vers un capitalisme d'État, voire une nationalisation du commerce technologique.
Perspectives pour le marché chinois:
Dans un contexte marqué par des menaces de droits de douane excessifs de la part de Trump, des discussions ont eu lieu à plusieurs reprises entre des représentants de la Chine et des États-Unis afin de désamorcer l'escalade des tensions commerciales entre les deux nations. Des compromis mutuels concernant la conception des puces sont envisagés : certaines contre-mesures américaines, telles que l'interdiction d'exporter les logiciels EDA, pourraient ainsi être levées en contrepartie de la suppression par la Chine de certaines restrictions sur les terres rares.
Cependant, la Chine, qui a récemment renforcé sa politique concernant les équipements informatiques étrangers utilisés dans les entreprises publiques, les infrastructures essentielles et les projets de recherche stratégiques, encourage les entreprises nationales à privilégier les puces fabriquées localement plutôt que celles de Nvidia et d'AMD.
