Samedi 28 Juin 2025
D'après la dernière étude semestrielle de Numeum, principal regroupement des sociétés du secteur numérique en France, l'augmentation du marché devrait atteindre un maximum de +1,8 % en 2025, ce qui est nettement inférieur aux +4,1 % constatés à la fin de l'année 2024. Ce changement significatif affecte en particulier les entreprises de services du numérique (ESN) et les sociétés de conseil en technologies, dans un contexte économique qui n'encourage pas les investissements.
Seuls les fournisseurs de logiciels et les plateformes cloud résistent, avec une croissance de +8,2 %, soutenue par la migration vers le cloud (IaaS et PaaS) et par des modifications de prix. Néanmoins, cette dynamique est davantage due à une inertie technologique déjà enclenchée qu'à l'émergence de projets structurants, et l'effet d'entraînement sur les ESN et le conseil en technologies reste limité.
Pour la première fois, il est prévu que ces deux segments, qui ont toujours été des moteurs importants du secteur, connaissent un recul : -2,1 % pour les ESN et -2,5 % pour le conseil, avec une diminution notable du taux d'utilisation des équipes.
L'IA générative : potentiel confirmé, déploiement plus lent
L'évolution la plus frappante réside peut-être dans la perception de l'IA générative. Près de la moitié des entreprises interrogées (48 %) affirment aujourd'hui travailler sur des projets liés à cette technologie, contre 29 % à la fin de l'année 2023. Cependant, cet intérêt croissant ne se traduit pas par des investissements massifs. Deux obstacles prédominent : le manque de compétences (47 %) et la difficulté à identifier des applications à forte valeur ajoutée (également 47 %).
Des perspectives d'emploi incertaines
Du côté de l'emploi, le secteur revient aux chiffres de 2022 avec environ 666 000 postes. Après une diminution en 2024, les perspectives d'embauche s'assombrissent, en particulier pour les jeunes diplômés et les apprentis, avec 36 % des entreprises prévoyant une diminution des offres pour ces catégories.
Appel à la responsabilité collective
Numeum met en garde contre le risque de retard de la France, alors que le numérique ne représente que 5,5 % du PIB, contre 10 % aux États-Unis, et qu'elle se situe au 22e rang européen en termes d'utilisation du numérique dans les entreprises. L'organisation plaide pour le maintien des mesures fiscales encourageant l'innovation et invite les pouvoirs publics et les entreprises à investir massivement dans la transformation numérique :
"Nous lançons un appel à la responsabilité des responsables politiques afin de garantir un environnement favorable à l'investissement en ne remettant pas en question les mécanismes de soutien à l'innovation (Crédit d'impôt Recherche, Crédit d'impôt Innovation, Jeune Entreprise Innovante, amortissement fiscal pour les PME innovantes) ; et nous lançons un appel à tous les dirigeants des différents secteurs économiques pour qu'ils réalisent des investissements au profit de l'économie française et européenne (développement de l'autonomie numérique européenne en matière de technologie et de compétences)".
Comme le conclut Véronique Torner, présidente de Numeum :
"Le numérique est essentiel à notre compétitivité. Il est urgent de changer de cap, car la France risque de prendre un sérieux retard dans la compétition internationale".
