Mercredi 30 Avril 2025
L'annonce récente d'OpenAI concernant l'ajout d'une fonction d'achat à ChatGPT soulève des questions quant à son plan d'action commercial et pose une interrogation fondamentale : à quel public OpenAI s'adresse-t-il vraiment, au secteur B2B, reconnu comme plus lucratif, ou directement au grand public (B2C) ? Il est cependant important de nuancer cette opposition : même si l'interface utilisateur destinée au grand public représente un moyen d'adoption indispensable permettant une vaste popularisation, la véritable source de revenus pour OpenAI demeure à ce jour le secteur B2B, notamment grâce à la vente de ses API aux entreprises.
Jusqu'à présent, OpenAI semblait, malgré les apparences, s'être positionné principalement comme fournisseur d'une technologie de pointe destinée à être intégrée par d'autres sociétés dans des solutions novatrices. De nombreuses startups et grandes entreprises ont adopté GPT et d'autres produits OpenAI comme base technologique essentielle de leurs offres commerciales. Or, cette nouvelle fonctionnalité d'achat accessible directement via l'interface utilisateur grand public, illustre la manière dont OpenAI continue d'étendre clairement son champ d'action vers le consommateur final. Cette stratégie en direction des particuliers n'est probablement pas un but en soi, mais plutôt une approche stratégique pour renforcer l'adoption massive de sa technologie et affirmer davantage sa position d'acteur incontournable sur le marché.
Cette stratégie pourrait sembler attrayante au premier abord : toucher directement les consommateurs, accroître la visibilité de l'IA, et vulgariser ses applications quotidiennes. Toutefois, cette démarche n'est pas sans risque. En effet, à force de multiplier les fonctionnalités et d'attaquer directement des marchés traditionnellement réservés à ses propres partenaires et clients B2B, OpenAI pourrait progressivement affaiblir son écosystème, voire cannibaliser les entreprises clientes qui avaient fait confiance à sa technologie pour construire leurs propres solutions proposant des surcouches de recommandation ou d'assistance en ligne.
OpenAI semble ainsi jouer un jeu complexe d'équilibriste : élargir ses services et séduire le grand public tout en restant indispensable auprès des entreprises clientes. Bien sûr, cette démarche est facilitée par la suprématie et l'avance considérable dont OpenAI profite actuellement, ce qui réduit les risques immédiats d'une concurrence directe trop dommageable pour son écosystème. Néanmoins, ce choix stratégique soulève des questions sur la pérennité à long terme d'un modèle économique dans lequel le fournisseur de technologie pourrait aussi devenir un concurrent direct des entreprises clientes.
À terme, cette dynamique pourrait inciter les entreprises partenaires à rechercher ou à développer des solutions alternatives, moins dépendantes d'un acteur susceptible, à tout moment, de empiéter sur leur territoire. Si ces clients auraient intérêt à être rassurés quant aux limites stratégiques que se fixerait OpenAI, cette dernière n'a aucun intérêt, du moins publiquement, à modérer son propre appétit face à une concurrence toujours plus agressive. Dans ce contexte, il est difficile d'imaginer qu'OpenAI renonce volontairement à de futures opportunités de croissance, confirmant ainsi l'impression que rien ne pourra réellement freiner l'appétit de ce géant technologique.
