Jeudi 25 Septembre 2025
L'Institut Charles Sadron (CNRS) et la société Alysophil rendent officielle la mise en place d'ACTIVIAFLOW, un laboratoire commun ayant pour but de mettre au point des procédés chimiques plus respectueux de l'environnement. Appuyé par le Carnot MICA, cette collaboration a pour objectif de transformer la façon de produire des molécules grâce aux biocatalyseurs, aux matières innovantes et à l'intelligence artificielle.
La production chimique est confrontée à un défi complexe : maintenir un haut niveau de performance, réduire son impact sur l'environnement et maîtriser les coûts de production. Encore aujourd'hui, de nombreux procédés s'appuient sur des catalyseurs métalliques, efficaces mais toxiques et difficiles à éliminer.
L'approche des biocatalyseurs, qui sont des enzymes stabilisées et intégrées dans des hydrogels polymères, offre des perspectives de remplacement intéressantes, avec un impact réduit sur la santé et les écosystèmes. Cette alternative est notamment étudiée à l'Institut Charles Sadron.
Une alliance stratégique entre recherche et industrie
Loïc Jierry, Professeur des Universités à l'Institut, explique :
"Le projet ACTIVIAFLOW est né d'une volonté partagée de repenser la chimie, non pas comme un ensemble de procédés immuables, mais comme une discipline en constante évolution, inspirée par le vivant et amplifiée par l'intelligence artificielle. À l'Institut Charles Sadron, nous nous consacrons depuis de nombreuses années à l'étude d'hydrogels supramoléculaires capables d'intégrer des enzymes pour les stabiliser, les rendre efficaces et durables. Ces matières innovantes, une fois intégrées dans des dispositifs de production en flux continu, peuvent radicalement changer la manière dont nous produisons des molécules d'intérêt".
D'où l'intérêt de cette collaboration avec Alysophil afin de les introduire plus rapidement sur le marché pour des secteurs où l'exigence de durabilité se fait pressante, que ce soit dans la santé, la cosmétique, la chimie verte ou la microélectronique. La PME alsacienne crée des micro-usines modulaires gérées par l'IA, les Chempocket, qui ajustent en temps réel les conditions de production.
Deux axes de recherche structurent leur programme :
La biotransformation en flux continu : l'utilisation de cartouches polymères contenant des enzymes immobilisées, afin de réaliser des réactions chimiques plus douces, sans conditions extrêmes, tout en conservant une efficacité élevée ;
La dépollution de l'eau : le développement de mousses polymères capables de capturer et d'éliminer les métaux lourds, même en faibles quantités, afin de limiter leur accumulation dans les écosystèmes.
Philippe Robin, président d'Alysophil, souligne :
"Notre but est de concevoir des micro-usines autonomes capables de produire à la demande, tout en réduisant au minimum les déchets, les risques et l'impact écologique".
Un projet structuré par le Carnot MICA
Le Carnot MICA, un acteur majeur de la valorisation de la recherche dans le domaine des matériaux, joue un rôle essentiel dans cette initiative. Depuis 2016, il soutient les travaux exploratoires de l'Institut Charles Sadron sur les hydrogels enzymatiques et les matériaux de filtration. En organisant le partenariat et en finançant les premières phases de recherche, il a permis au projet de se concrétiser.
Ce partenariat bénéficie aussi de l'appui de la délégation Alsace du CNRS, de CNRS Innovation, de la Fondation Jean-Marie Lehn et de Conectus, ce qui renforce l'implantation régionale du laboratoire et ses perspectives de valorisation industrielle. Pour Christian Gauthier, Directeur du Carnot MICA :
